Vélo Cargo : 200 ans d'histoire et de modèles étonnants
En passe de devenir la star incontestée de nos villes, le vélo cargo est le fruit de la longue histoire du cycle. Afin d’aboutir au vélo cargo électrique d'aujourd'hui, il a fallu plus de deux cents ans d'évolution et de progrès technologique. De la draisienne au vélo cargo longtail à assistance électrique, nous vous proposons un historique illustré, parfois étonnant. Historique et évolution du vélo cargo, c’est parti !
Les ancêtres du vélo cargo
La draisienne, le vélo sans pédale
Juin 1817, à Mannheim en Allemagne, le baron Drais von Sauerbronn chevauche sa création. Il parcourt, en un peu plus d’une heure, les 14 km qui séparent la demeure de son père du relais de poste de la ville voisine. Il accomplit cette prouesse sur une machine de son invention, qu’il baptise « machine à courir ». Surnommée ensuite la « draisienne » et connue en France sous le nom de « vélocipède », cette drôle de monture donne lieu à des courses au sein de toute la bourgeoisie européenne.

Le Grand Bi, rapide mais dangereux
De la course naît le besoin de vitesse. Dans les usines britanniques de Rowley Turner et James Starley, on crée en 1870 une machine redoutablement plus rapide, le Grand Bi. Cette célérité est obtenue par une invention marquante : le pédalier. Il est directement relié à la roue avant, que l’on rend alors démesurée, afin d’obtenir des vitesses de pointe ébouriffantes à l’époque. Revers de la médaille, la machine est terriblement instable et les chutes aussi fréquentes que douloureuses.

La « bicyclette de sécurité » ou la naissance du vélo moderne
Afin de sécuriser l’usage du cycle, c’est encore en Angleterre que les progrès s’accélèrent. En 1879, Harry John Lawson invente le pédalier à chaîne reliée à la roue arrière. Cela permettra à John Kemp Starley, le neveu de l’inventeur du Grand Bi, de créer le premier vélo à la fois rapide et sûr, le « Rover safety » ou « bicyclette de sécurité ». Cette machine, équipée d’un pédalier central et de deux roues de même taille, jette les bases du vélo moderne.

C’est en France, au début du 20e siècle, que le vélo moderne apparaît réellement. Le « vélo Hirondelle » apporte deux innovations pour un usage totalement sécurisé : le pneumatique gonflé à l’air et surtout, les freins. La marque entre dans le giron du fabricant d’armes Manufrance en 1901, une firme qui marquera, pendant des décennies, l’histoire de la ville de Saint-Étienne et du cycle français.

Les premiers vélos cargos, des triporteurs utilitaires avant tout
Contrairement à ce que pourrait laisser croire l’illustration précédente, les premiers vélos cargos sont généralement utilisés par les travailleurs dans les villes. Pendant toute la première moitié du 20e siècle, le vélo cargo connaît son apogée. Plus docile que le cheval, moins coûteux et plus maniable que l’automobile balbutiante, il est utilisé par une multitude de vendeurs, artisans ou colporteurs urbains. Généralement triporteur avec une charge à l’avant, il se démocratise au sein de la classe ouvrière. Même les guerres n’auront pas raison de lui ; pour sa capacité de charge, le vélo cargo sert au ravitaillement des troupes, voire aux évacuations de populations. Durant cette période, on assiste à une floraison de modèles, parfois très étonnants.

Le Long John, premier biporteur de l’histoire du vélo cargo
Au cœur de cet apogée du cargobike, dans les années 40, apparaît le premier vélo cargo biporteur, le Long John. Né au Danemark, ce vélo cargo est plus rapide, maniable et résistant. Il permet de se faufiler rapidement dans les rues, sous les bombardements.

L’après-guerre et le déclin du vélo cargo
Dans les années 50, la vie reprend. L’Europe se reconstruit, à marche forcée. Les camions, plus rapides et permettant d’emporter de très lourdes charges sur de longues distances, supplantent les vélos cargos. Au sein des ménages, l’automobile se démocratise, y compris dans les classes populaires avec l’arrivée de véhicules simples et accessibles, comme la 2CV. C’est la fin de l’âge d’or du vélo cargo. Témoin de ce déclin, le film Le Triporteur, qui allait lancer la carrière de Darry Cowl, évoque, en 1957, une image désuète et ringarde du vélo à trois roues.

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Les années 2 000 et le retour en grâce
Dépassée par les véhicules à moteur, la bicyclette traverse un trou noir jusqu’au début des années 2 000. Incapable d’assurer le transport de charges lourdes sur de longues distances, son usage se limite, jusqu’au début du 21e siècle, au sport et aux loisirs. Mais alors que la pollution s'immisce dans les poumons et dans les consciences, une innovation propulse à nouveau toute l’industrie du cycle sur le devant de la scène : le moteur électrique à batterie au lithium-ion.
Coup d’œil dans le rétro : retour sur l’électrification dans le cyclisme
Historiquement, le premier vélo électrique est américain et apparaît dès 1895. Un brevet est déposé par Odgen Bolton Jr. Il concerne une sorte de draisienne équipée d’un moteur au niveau du moyeu arrière et d’une énorme batterie accrochée au cadre, à la géométrie étrangement moderne.

Les vélos électriques du 20e siècle
On trouve, dans les années 60, toujours aux États-Unis, une première mise en application industrielle du vélo électrique. Conçu à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le « Spacelander » est un vélo aux lignes futuristes pour l’époque, délicieusement kitsch aujourd’hui. Il n’aura qu’un succès limité.

En 1993, c’est Yamaha qui commercialise, avec beaucoup plus de succès, le PAS. Considéré par certains comme le premier VAE, il est largement distribué en Asie.

Le virage qui change tout
Ce n’est qu’en 2003 que la batterie lithium-ion est adaptée pour le cyclisme et elle va bouleverser le marché. Plus petite, plus légère et 3 à 4 fois plus puissante que les batteries au plomb, elle permet d’augmenter d’autant le nombre de kilomètres d’autonomie des vélos à assistance électrique. Soutenus par une volonté écologique de désengorgement des centres-ville, les vélos électriques, et en particulier les vélos cargos, envahissent peu à peu nos rues.

Le vélo cargo depuis 2020
En France depuis 2020, un quart des vélos vendus sont des vélos à assistance électrique. En ce qui concerne le vélo cargo, qui a désormais totalement abandonné l’idée d’être un vélo « musculaire », 33 000 unités ont trouvé preneurs en 2022, contre 17 000 en 2021, soit une progression de + 96 %. Le vélo cargo séduit autant les professionnels que les familles, chacune de ces trois principales déclinaisons répondant à une large étendue de besoins :
Le triporteur : il est issu du cargobike d'antan. Sa grande capacité de charge et sa stabilité, y compris à l’arrêt, le destinent naturellement aux professionnels pour les livraisons, les commerces ambulants ;
Le biporteur : moins large, plus rapide avec sa charge à l’avant, c’est le plus à l’aise en ville ;
Le longtail : c’est le plus polyvalent de tous. Sa charge à l’arrière peut être importante tout en conservant une maniabilité hors pair et un encombrement réduit. Il est aussi parfaitement adapté au transport d’enfants.
L’avenir du vélo cargo
L’avenir s’annonce radieux pour le vélo cargo. Il est porté par la nécessité impérieuse de changer nos comportements, vers une mobilité plus douce et durable. Héritier direct du vélo électrique, il en conserve la facilité d’utilisation, l’autonomie et l’esprit de liberté. À l’automobile, il emprunte la capacité d’emport et l’aptitude aux déplacements quotidiens des familles. Les progrès incessants, notamment des batteries et des motorisations, lui assurent une place de choix dans le panel des nouveaux véhicules qui feront les transports du 21e siècle.
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Sources :
Union Sport & Cycle - Observatoire du Cycle 2022 - https://www.unionsportcycle.com/